DEVOIRS A LA MAISON QUEL CALVAIRE!

Ennui pour les enfants, stress pour les parents. Stop!  Voici 8 conseils pour faire du casse-tête des devoirs un moment de plaisir.

 1. Comment s’organiser?

Chaque soir, la plupart des enfants franchissent le seuil de la maison chargés de leçons à apprendre et de devoirs à faire… Quand et comment s’y mettre ?

Conseil: imposer une rupture après le retour de l’école. « Avant 13 ans, trois quarts d’heure au moins sont nécessaires à l’enfant pour vivre la transition et quitter tout à fait l’univers scolaire afin d’entrer dans celui de la vie domestique. »  Goûter, jeu, sport… Activités mais aussi discussions doivent être différentes ; difficile pour lui de se changer les idées si vous l’accueillez en lui demandant de parler de son interro de maths… La règle d’or : installer un rituel « devoirs du soir », avec heure, lieu et durée identiques chaque jour. « Cette rigueur favorise la structure des apprentissages. »

Pour quelle durée ? Il n’y a pas de règle, le rythme et la quantité de devoirs donnés étant variables. Cependant, le temps de travail idéal, entre 8 et 12 ans, est de une demi-heure en continu. Au-delà, l’enfant ne peut plus se concentrer efficacement. Ce temps ne doit être consacré à rien d’autre.

Cela posé, « entre 8 et 10 ans, il n’est pas rare qu’il ait besoin de courtes pauses », cela vaut surtout pour les créatifs et les rêveurs… Dans ce cas, faites des pauses de trois minutes, pendant lesquelles vous pouvez proposer une activité créative (dessin, puzzle, Lego…). L’écolier la commence avant les devoirs, la poursuit deux ou trois fois pendant et la termine une fois le travail fini. L’activité permet de ne pas rompre le calme exigé pour les devoirs, mais aussi « de relier la créativité au travail, la rupture entre ces deux mondes étant l’une des grandes causes de démotivation chez ces petits rêveurs ».

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2. Faut-il être présent ?

Oui, parce que l’adulte est le garant de l’organisation. « Il faut des années à un enfant pour être en mesure de gérer son emploi du temps ». Seul face à ses cahiers, il risque de s’attarder sur un exercice, de manquer de concentration pour les autres… De plus, il a besoin que son travail soit validé par un regard d’adulte. « Etudiant, grand frère, voisin…, l’essentiel est qu’il s’agisse d’une personne en laquelle l’enfant ait confiance et dont il sait qu’elle est là pour le soutenir et aussi le féliciter. » L’accompagnateur lui offre un cadre sécurisant et nourrit sa confiance en lui.

S’il n’y a pas d’adulte ou si votre enfant est gardé par une baby-sitter maîtrisant mal le français, vous pouvez lui indiquer en début d’année une méthodologie de travail. Il peut, par exemple, faire seul ses devoirs de lecture ou les exercices simples. A votre retour, prenez le temps de vérifier ce qui a été fait, et bien sûr accompagnez-le pour la suite.

3. Jusqu’où l’aider ?

Comment intervenir sans entraver son autonomie ? En étant à ses côtés, le risque est de le laisser penser que l’on est à sa disposition. « Il doit comprendre, en l’expérimentant, que vous n’êtes pas là pour faire à sa place. » Regardez ensemble la liste des exercices demandés, aidez-le à se lancer en établissant un emploi du temps de travail, puis vaquez à vos activités, en lui précisant toutefois que vous êtes là s’il a besoin d’aide. Enfin, vérifiez avec lui le travail effectué… « Vous devez garder à l’esprit qu’il s’agit d’un accompagnement vers une prise d’autonomie de l’enfant », insiste Brigitte Prot.

La principale clé ? N’apportez pas les réponses aux problèmes, mais apprenez à votre enfant à se poser les bonnes questions pour avancer dans son raisonnement et pour y répondre seul : « Qu’est-ce que tu dois faire pour diviser ce nombre par deux ? Tu veux conjuguer ce verbe : sais-tu à quel groupe il appartient ?, etc. » A court terme, cette démarche lui offre la satisfaction de voir qu’il possède en lui les moyens de résoudre tous les problèmes. A long terme, elle lui permet d’acquérir une autonomie et d’élaborer sa propre méthode de travail.

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4. Quel rôle jouer?

Beaucoup de parents oscillent entre deux attitudes : d’un côté, ceux qui jugent les devoirs à la maison inutiles ou « trop lourds ». De l’autre, ceux qui exigent toujours plus et ajoutent quantité d’exercices. Ces deux attitudes sont néfastes aux progrès de l’enfant : la première revient à nier ses capacités et le décourage dans ses efforts d’apprentissage. La seconde lui inflige une pression excessive et favorise un rejet du travail. Ces comportements cachent souvent un manque de confiance et de communication avec le monde de l’école.

Vous pouvez rencontrer régulièrement les professeurs, discuter avec eux des devoirs du soir, mais aussi leur demander des conseils pour savoir comment aider votre enfant : « Apprendre une poésie ou réviser un contrôle, personne ne sait faire cela spontanément ! »  Quoi qu’il en soit, le respect du rôle de chacun est indispensable. Aussi, « refaire la leçon à la place du professeur, expliquer que l’on dispose d’une méthode plus efficace… cela crée, aux yeux de votre enfant, un conflit de loyautés (envers son professeur et/ou envers son parent) qui le met, à coup sûr, en difficulté.»

5. Ajouter des exercices?

Proposer un ou deux exercices supplémentaires peut être utile si vous voulez vous assurer que votre enfant a assimilé la leçon. Mais expliquez-le-lui : « Tu as vu que cet exercice t’a posé problème, on va en faire un dernier pour que tu sois sûr de savoir le résoudre quand tu seras en classe. »

Une autre façon de tester ses acquis : en proposer une application pratique et ludique. Après un devoir de maths, faites-lui lire une recette de cuisine ; après une dictée, cherchez des définitions dans le dictionnaire ou sur Internet, mais sans tomber dans la démarche qui consiste à faire de tout un apprentissage. Trop solliciter un enfant est le meilleur moyen de le dégoûter.

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6. Comment gérer une crise?

La bonne volonté de part et d’autre ne suffit pas toujours, et certains soirs, l’étape des devoirs tourne à la crise. Dans ce cas, « fermez les cahiers et passez à autre chose… en prévoyant de vous y remettre plus tard dans la soirée ou le lendemain matin ». Car s’acharner, c’est risquer de faire de ce rituel des devoirs le « rituel des tensions ».

« Entre votre enfant et vous, les enjeux affectifs sont tels qu’ils ne permettent pas toujours à chacun de prendre la distance suffisante pour bien vivre cette relation de travail ». Vous êtes tenté de revivre votre propre scolarité à travers celle de votre écolier ; et lui risque de culpabiliser et de perdre ses moyens à l’idée de vous décevoir. La solution : passer le relais à un autre adulte, proche ou étudiant.

7. Quand penser aux cours particuliers?

De plus en plus de parents perfectionnistes ou stressés anticipent les difficultés de leur enfant. Faire appel à un professeur particulier est envisageable, « mais seulement si des lacunes ont été repérées par l’enseignant ». Dans le cas contraire, votre enfant a le sentiment que vous vous inquiétez. Il perd confiance, angoisse… et se bloque. Seuls des besoins réels justifient le recours à des leçons particulières. N’oubliez pas non plus d’en parler avec lui : « Ce n’est pas une punition, mais une aide pour que tu sois plus à l’aise en classe » ; et de limiter ces leçons dans la durée, par exemple pendant un trimestre.

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8. Quand lacher les brides?

La prise d’autonomie dans le travail scolaire varie largement d’un enfant à l’autre. C’est à vous d’être attentif au rythme de votre propre enfant, en évitant d’abord de le comparer à ses camarades. Puis en lui laissant davantage d’indépendance dans son travail, par exemple en réduisant progressivement les vérifications des devoirs à une fois tous les deux jours, puis tous les trois ou quatre jours.

Si votre enfant réussit bien seul, s’il sait se poser les questions qui lui permettent d’avancer dans son raisonnement, votre accompagnement devient inutile. « Mais votre présence et votre regard sur le travail final – ne serait-ce qu’une fois par semaine – reste indispensable jusqu’à 13 ans environ. »On constate en effet que, généralement en fin de cinquième, une étape est franchie. Ou votre enfant a pris conscience des enjeux scolaires et a acquis une totale autonomie dans son travail, et vous pouvez dès lors lâcher la bride. Ou il se rebelle contre les devoirs, et vous devrez mettre en place une autre forme d’accompagnement : travail en groupe, auprès d’un autre parent, d’un grand frère… Dans tous les cas, après plus de cinq ans d’accompagnement, vous pouvez envisager la fin de ce rituel quotidien… sans pour autant démissionner de votre rôle d’éducateur toujours attentif aux progrès de votre enfant.